L'église du village
L'église de VILLARD NOTRE DAME
Surplombant la place du village et visible depuis une partie importante de l'OISANS, jouxtant un petit cimetière, l'église, plutôt bien conservée parmi toutes les églises uissannes, présente une architecture sobre et élégante. Elle a été l'objet, il y a quelques années, d'importants travaux de rénovation.
Dès l'entrée, l'histoire est au rendez-vous. Le portail de l'édifice protégé par un large auvent, constitue en effet la partie la plus ancienne de ce qui nous est donné à voir aujourd'hui. Pouvant être "rapproché du portail sud de La Grave" il paraît raisonnable de lui attribuer la même datation c'est à dire fin XVème, début XVIème. "C'est d'ailleurs, avec (peut être) une petite fenêtre placée non loin, l'unique partie médiévale aujourd'hui identifiable dans cette église".
Le clocher "situé au-dessus de la nef joignant le choeur, fait en forme de tour carrée, bâti de planches et couvert de fer blanc" créait beaucoup de soucis au début du XVIIIème. Déjà en 1693, l'évêque LE CAMUS signalait "que celui-ci bouge continuellement lorsqu'on sonne les cloches". Aussi fut-il reconstruit en pierre, entre 1757 et 1776, sur le modèle du précédent, disposé cette fois entre la sacristie et le choeur, de manière assez similaire à celui qui fut élévé à VILLARD REYMOND en 1776.
L'intérieur témoigne du passé d'une communauté que l'on imagine relativement importante tout au long des derniers siècles.
"Dédiée, au XVIIème siècle, à l'Assomption de la Vierge, (l'église) dépend du prieuré du Bourg d'Oisans qui, déjà en 1683, a abandonné au curé de la paroisse le bénéfice de la dîme sans doute trop minime"...
"Jusqu'en 1790, VILLARD-REYMOND est rattachée à la paroisse de VILLARD-EYMONT (l'ancienne dénomination de VILLARD NOTRE DAME) qui est démembrée en 1790 pour former les paroisses de VILLARD NOTRE DAME et de VILLARD-REYMOND".
Le plafond avec son "réseau de baguettes et de motifs trilobés compose d'élégants caissons" d'une remarquable originalité.
Parmi les oeuvres présentes à l'intérieur, on remarquera notamment une vierge à l'enfant du XVIIIème en bois doré.
Mais aussi une chaire à prêcher de la fin du XIXème dont l'histoire nous permet d'approcher d'un peu plus près la vie des gens du village à cette période.
Celle-ci est l'oeuvre d'un certain Jean-Pierre Napoléon RICHARD. Originaire de VILLARD NOTRE DAME, il quitte son village en qualité de colporteur en drap pour se diriger vers la Haute Loire où, approchant la trentaine, il s'établit et fonde un foyer, précisément à TENCE située en bordure du Lignon, à 850m d'altitude et à 19km d'ISSINGEAUX. En 1882 il devient le recteur de la confrérie laïque des Pénitents du Saint Sacrement à laquelle il appartenait. Et c'est en cette même année, à l'âge de 69 ans, qu'il sculpte une première chaire à prêcher dans la chapelle des Pénitents de TENCE, dont la première construction date de 1719, et qui accueille aujourd'hui un musée d'art religieux. Ayant vendu ses propriétés à VILLARD NOTRE DAME, il y revient néanmoins pour y sculpter, en 1886, dans l'église de son pays natal, une deuxième chaire à prêcher sur le même modèle que celle qu'il avait imaginée pour la chapelle de son pays d'accueil.
La partie principale des deux oeuvres est constituée d'un ensemble de pétales de lys ceinturés d'un cordon de fleurs.
Contrairement à celui de TENCE relativement peu orné, le dosseret de la chaire de VILLARD NOTRE DAME est abondamment décoré de motifs représentant notamment des sarments de vigne et un pélican qui s'arrache le coeur pour nourrir ses petits, image symbolique du sacrifice de soi. Il porte également les initiales de Napoléon RICHARD enserrées dans les chiffres de l'année de fabrication.
La chaire est surmontée d'un clocheton magnifiquement orné de fleurs et de feuilles et supportant en son centre une colombe, souvent associée au Saint Esprit dans les oeuvres d'art religieuses.
La rénovation de la chaire de VILLARD NOTRE DAME qui a nécessité le démontage et le remontage des éléments ayant subi les méfaits du temps, a été effectuée il y a quelques années par messieurs Jacky BERLIOUX et Thierry BRUN.
NB: Les citations entre guillemets ainsi que les informations historiques de cet article sont extraites du magnifique livre "Patrimoine en Isère, Oisans" publié par le Musée Dauphinois/Conservation du Patrimoine de l'Isère avec le concours du ministère de la Culture (Direction Régionale des Affaires Culturelles Rhône-Alpes) et du Parc National des Écrins, 2001.
Les informations concernant la chaire de l'église et son constructeur Jean-Pierre Napoléon RICHARD, ont été recueillies auprès du très regretté Clément BRUN, avant son décès en 2010.